Tous les parents qui ont subi un enlèvement parental savent à quel point cet événement est traumatisant. Plus douloureux à supporter est encore l'état auquel conduit généralement ce genre de crime : se voir disqualifié comme parent et rejeté par ses propres enfants.
Dans les affaires très polarisées comme les enlèvements parentaux, il est cependant impossible de se faire une idée objective de la situation, sans consulter le point de vue de chaque protagoniste.
Tout parent ressent spontanément de la sympathie pour Catherine Martin. Après une lecture approfondie du livre « Au nom de mes fils » de Catherine Martin, ce même parent, bien qu'il compatisse à la douleur d'une mère victime du kidnapping de ses enfants, ne partage pas obligatoirement sa vision manichéenne de la réalité.
Dans les enlèvements parentaux, les kidnappeurs n'ont pas pour habitude de maintenir le contact avec le parent laissé-pour-compte. Ils ne cherchent pas la négociation, la conciliation et la médiation, afin que les enfants enlevés continuent d'entretenir une relation avec le parent abandonné. 
Paradoxalement dans cette affaire, c'est Xavier Fortin, le ravisseur selon la loi, condamnable pour son acte, qui cherche une issue amiable. 
Était-ce une manœuvre de diversion, une « mascarade » comme le prétend Catherine Martin, ou un réel désir de résoudre ce conflit ?
Malheureusement, Catherine Martin n'a, pour sa part, jamais suivi la voie de la médiation, qui nous aurait permis de mesurer la bonne foi de Xavier Martin. 
En plus d'être le cri désespéré d'une mère pour revoir ses enfants, ce livre est aussi l'histoire d'une haine implacable envers celui qui les a enlevés. Une haine que tous les parents d'enfants kidnappés ne partagent fort heureusement pas, malgré le ressentiment bien compréhensible qu'ils éprouvent.
Bien que l'on ne puisse que réprouver l'enlèvement parental commis par Xavier Fortin, le père des enfants, il n'est pourtant pas si difficile de lui trouver certaines circonstances atténuantes.
Une même histoire. Deux avis diamétralement opposés. Un enlèvement parental ou une fuite pour sauvegarder son rôle parental. Qui a tort, qui a raison ?
Le besoin de rallier à leur cause les observateurs est activement recherché par les parents incapables de négocier et d'assumer leur part de responsabilité dans le conflit familial. Ces parents sont généralement intransigeants. Les intérêts de leurs enfants passent au second plan, tant obnubilés qu'ils sont à satisfaire leur vengeance personnelle. Ce n'est donc pas un hasard si la plupart des parents qui se résolvent à enlever leurs enfants, contrairement à ceux qui subissent un tel drame, ne sont pas versés dans l'art de la négociation.
En tant que parent victime de l'enlèvement de ses enfants, Catherine Martin constitue pourtant une exception puisqu'elle manifeste non seulement un manque d'empathie flagrant envers le père de ses enfants, un homme poussé dans ses derniers retranchements, se sentant obligé de choisir la clandestinité pour ne pas finir derrière les barreaux ; mais également envers ses propres enfants, dont elle ne conçoit pas un seul instant, qu'ils puissent apprécier leur père et leur existence nomade.
Ce n'est donc pas une surprise que toute la stratégie de Catherine Martin, qui s'enorgueillit d'avoir la justice avec elle, se focalise sur la sanction judiciaire, qui doit frapper un Xavier Fortin aux abois, et non sur la recherche d'une solution équitable, où chacun sort la tête haute.

Trois états d'esprit fluctuants et contradictoires déterminent le comportement de Catherine Martin. 
D'abord, l'idéalisation puérile de ses enfants, qu'elle imagine toujours comme le prolongement d'elle-même. 
Ensuite, une implacable chasse à l'homme, qu'elle organise au niveau national. 
Finalement, des périodes de frustration créant un terrible sentiment d'impuissance propice à la plonger dans la dépression. 
Dans la première situation, Catherine Martin est une mère fusionnelle. Dans la seconde, une justicière sans peur et sans reproches. Dans la troisième, une victime de la société tout. C'est lorsqu'elle traverse ce dernier état que Catherine Martin entrevoit néanmoins une hypothétique alternative qui est celle de l'apaisement. Sans pour autant la formaliser.
Cette ligne de conduite, dont elle ne se départira pas durant toute cette histoire, trouve son expression la plus flagrante dans l'épilogue final.
Après l'arrestation de Xavier Fortin, qui devait constituer le couronnement de son action, Catherine Martin était parfaitement convaincue que les retrouvailles tant espérées avec ses enfants, allaient leur permettre de filer le parfait amour. Elle doit cependant déchanter, car lesdits enfants, pourtant « libérés du joug de leur père », n'ont pas le moins du monde l'intention de le laisser croupir en prison.

Précédemment, Catherine Martin avait déjà fait condamner (par défaut) Xavier Martin à deux ans de prison, ainsi qu'à une amende substantielle de 20'000 euros. Par la même occasion, une amie de Xavier Martin, qui avait tenté une médiation, avait également été traînée en justice et condamnée à la prison pour complicité d'enlèvement. Ces résultats « très encourageants », selon Catherine Martin, représentaient sans doute un avant-goût de la victoire finale qu'elle espérait.

Alors, imaginez… Maintenant qu'elle est si près du but, ses propres enfants se mettent en travers de son chemin !
Catherine Martin aura beau prendre à témoin les médias, en affirmant que Xavier Fortin a lavé le cerveau de ses enfants et qu'ils sont victimes de l'aliénation parentale, le discours des fils Fortin, qui décident, eux aussi, de donner leur point de vue, est en cette occasion bien plus lucide que celui de leur mère ou même du psychiatre qui prend sa défense.
À juste titre, les enfants désormais adultes ne se sentent plus responsables des conflits de leurs parents et ne tolèrent plus l'intense instrumentalisation dont ils ont été victimes. Que ce soit leur mère, leur père, les médias et les experts de tout bord, chacun prétend en savoir plus sur ce qu'ils ont vécu que les principaux intéressés.

Durant toutes ces années, Catherine Martin a soigneusement créé et entretenu un mythe : celui d'une mère victime d'un ex-conjoint psychopathe et dangereux, qui a kidnappé ses enfants et les a fait vivre dans l'insalubrité, la misère et l'illégalité.

Est-ce que cela reflète vraiment la réalité ?

Certes, il est exclu de légitimer d'une quelconque manière l'enlèvement parental, qui est un crime et une grave forme de maltraitance à l'égard des enfants. Cependant, on ignore dans quelle mesure, Xavier Fortin, que l'on devine par certains côtés tout aussi intransigeant que Catherine Martin, a maltraité ses enfants et les a manipulés afin qu'ils haïssent leur mère. On peut imaginer que les impératifs de sa vie itinérante lui laissèrent bien peu de temps pour accomplir cette mission destructrice.
Toutefois, un observateur attentif ne manquera pas de relever que tout au long du livre « Au nom de mes fils », et ceci avant même l'enlèvement de ses enfants, Catherine Martin se livre à une pression constante, sur son entourage et sur toutes les personnes qu'elle fréquente, dans le but de disqualifier Xavier Fortin.

Les enfants reprochent à leur mère, dès les premières lignes de leur livre à eux : « Hors système », qu'il faut bien sûr lire pour avoir une vision plus objective de la situation, de n'avoir jamais choisi la voie de la conciliation, à travers la médiation, par exemple, qui aurait probablement apporté une issue plus heureuse à cette situation.
En effet, malgré les grandes déclarations d'amour universel qui émaillent le récit de Catherine Martin, cette dernière est cependant restée fidèle à sa stratégie de confrontation. Avec les résultats que l'on sait.

« Au nom de mes fils » de Catherine Martin doit être mis entre toutes les mains, car il constitue un excellent exemple de ce qu'il faut ne pas faire, si l'on souhaite résoudre des situations familiales très conflictuelles et conserver sa santé physique et mentale.

Au nom de mes fils 
Catherine Martin