«Chaque année, des milliers de parents kidnappent leurs propres enfants, certains d'entre eux vers des destinations internationales. L’enlèvement parental peut être préjudiciable, dangereux et même fatal aux enfants victimes, de même qu’il est souvent dévastateur pour le parent délaissé.
Lorsqu'ils doivent répondre à une accusation d'enlèvement parental, de nombreux ravisseurs soulèvent la thématique de la violence domestique pour justifier leur action.
Autant les allégations d’enlèvement parental, que celles de violence conjugale, doivent être soumises à une investigation approfondie, afin d’être traités de manière effective. Des mesures appropriées doivent être prises dans un contexte criminel et civil pour, d’une part pour protéger les victimes, et d’autre part afin de punir et réhabiliter les délinquants.
Traiter l'enlèvement parental comme une réaction à la violence familiale, au lieu de traiter la violence domestique comme un moyen de défense commode, utilisé par certains parents manipulateurs, afin de se soustraire aux sanctions prévues par la loi, résulte en une injustice pour les parents exclus, prive les enfants de leur droit d'accès aux deux parents, et sape la primauté du droit. » Julia Alanen


Tous les parents qui ont subi un enlèvement parental savent à quel point cette expérience est traumatisante. Mais, pour ces parents, l’enlèvement parental n’est rien comparé à la profonde douleur d’être séparé, parfois durant le restant de leur vie, des enfants qu’ils aiment, et dont ils s’occupaient précédemment avec attention et dévouement. 
Cette peine compréhensible ne fait cependant pas oublier à ces parents que les principales victimes de l’enlèvement parental sont les enfants, si cruellement séparés des proches auxquels ils étaient attachés. 

Ces enfants n’ont pas choisi de grandir sans leur père ou sans leur mère. Ces enfants n’ont pas choisi de haïr un parent pour se sentir aimé de l’autre. Cet état de fait a été imposé à ces enfants par le parent ravisseur qui les a soustraits à l’affection de l’autre parent.
C’est sans doute pour cela que le kidnapping parental, ainsi que l’aliénation parentale, constituent de graves formes de maltraitances à l’égard des enfants. Ces délits sont théoriquement sanctionnés par les pays qui ont ratifié la Convention de la Haye sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants. 

Concrètement, de nombreux parents qui kidnappent leurs enfants échappent cependant aux sanctions prévues, surtout dans les cas de kidnapping international, notamment en faisant des dépositions calomnieuses devant la justice de leur pays, parfois sous serment de dire toute la vérité. 
Ces parents trompent la justice et s’inventent un passé de victime sans aucune preuve, aidés par des intervenants incompétents ou peu scrupuleux. 
Ce laxisme est préjudiciable aux parents écartés ainsi qu’aux enfants manipulés. En plus de leur légitime souffrance, les parents ayant subi un kidnapping parental doivent se battre contre un système incapable d’identifier et de sanctionner ce genre d’abus. S’ils saisissent la justice pour se faire entendre, ils encourent souvent de grands frais de procédure, sans réelle possibilité de retrouver rapidement leurs enfants et de rétablir une relation acceptable avec eux. 
La situation économique de ces parents s’en ressent fortement. Quant aux enfants, ils n’ont pas le droit à la parole et finissent par s’aligner sur la position du kidnappeur, qui n’a ainsi plus d’oppositions susceptibles d’entraver sa politique d’éradication. 

Les observateurs ont fréquemment de la peine à comprendre les motivations d’un parent kidnappeur, autrement que par une volonté de s’extraire d’une situation conjugale très pénible. Certes, ces cas existent, et il ne s’agit pas de les négliger. Cependant, dans de nombreuses autres situations, ce sont d’autres impératifs qui motivent les parents kidnappeurs. 
Du parent mentalement perturbé, à celui qui agit dans un but purement égocentrique, il existe toute une panoplie d’individus dont la marque de fabrique est une absence d’empathie qui fait froid dans le dos. Ces parents, cyniques et calculateurs, n’ont aucun scrupule à projeter l’enlèvement de leurs enfants. À l’insu de l’autre parent avec lequel ils vivent, ils préparent méticuleusement le kidnapping avec l’aide de leur famille ainsi que d’autres complices. Une fois l’enlèvement effectué, ils poursuivent leur politique de terre brûlée avec une joie non dissimulée. 

La cruauté de ces parents, envers leurs propres enfants, est d’autant plus choquante qu’ils prétendent agir dans leurs intérêts. 

Tous ces parents ont pourtant des points communs. D’abord, comme nous l’avons vu, en dépit de leur comportement apparemment erratique, ils préméditent soigneusement leurs actions. Ensuite, ils sont passés maîtres dans l’art de tromper leur entourage. Par ailleurs, ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Ce sont des récidivistes, pas obligatoirement dans le domaine du kidnapping parental, mais plus généralement dans leur conduite antisociale, bien que cet aspect de leur personnalité soit soigneusement dissimulé aux personnes qu’ils fréquentent. Finalement, malgré tout le mal qu’ils font, ils ont tendance à se faire passer pour des victimes. 
En réalité, c’est justement parce qu’ils se considèrent des victimes, qu’ils ont une telle attitude délinquante. 
Mais victime de quoi ? 

Sachant que les accusations de ces parents sont souvent infondées, celui qui fait l’effort de répondre à cette question perturbante comprend, à la fois pourquoi de tels parents existent, et pourquoi leurs enfants sont parfois appelés à répéter leur triste destin.