"La peur est la plus terrible des passions, parce qu'elle fait ses premiers efforts contre la raison, elle paralyse le cœur et l'esprit." Antoine de Rivarol 

Prenons une attitude instinctive comme la peur. Il y a plusieurs manières de justifier la peur. Untel dira par exemple qu'il a réagit par la fuite à une menace effrayante. Mais de quelle peur s'agit-il, lorsque la menace n'est pas visible, ou qu'elle n'inspire pas ce sentiment au premier abord?

Le règne animal nous donne les exemples les moins ambigus de cette réaction instinctive qu'est la peur. Tel animal est surpris par un prédateur, sa réaction immédiate est de prendre ses pattes à son cou. Si un individu a le même comportement face à son semblable, il doit prouver une menace directe à son encontre pour que sa réaction soit justifiée.
Il est facile d'invoquer la peur pour justifier une fuite, même si la menace n'est pas perceptible à un observateur neutre. Nous savons que la menace peut être indirecte, psychologique. Il se pose alors la question de la crédibilité de la personne qui a peur. Dans la plupart des cas, où la cause de la peur n'est pas directement identifiable, il est difficile d'évaluer le lien direct entre les préoccupations, les angoisses manifestées par la personne et sa peur. L'origine de la peur, sa cause étiologique pourrait être d'une toute autre nature.

Pour l'animal il n'y a pas de mauvais comportement. Il agit selon l'instinct de son espèce. Son état naturel, ses actes sont en quelque sorte innés. Il ne peut entrer en contradiction avec sa nature, et par conséquent avec la nature de ses semblables. L'instinct qui existe aussi chez l'homme se mélange avec la raison. Il ressent un danger parce qu'il a mal agi, ou simplement parce qu'il pense ou projette de mal agir. Ne pouvant assumer dans certains cas cette crainte, il choisira de s'enfuir. Visiblement sa raison, la conscience de sa mauvaise action, a précédé la fuite. Ce n'est pas la menace concrète de son antagoniste qui le pousse à fuir; c'est sa conscience.

Comme l'homme a besoin de justes motifs pour justifier son comportement envers les autres, il refusera d'admettre que ce soit la lâcheté qui dicte sa conduite. Si besoin, il provoquera la personne qui lui inspire peur, afin de se rassurer que sa fuite est justifiée.