«L'oppresseur ne se rend pas compte du mal qu'implique l'oppression tant que l'opprimé l'accepte.» Henry David Thoreau

L’aliénation parentale est une grave forme de maltraitance psychologique. Le rapt parental (symbolique ou physique) est un abus majeur exercé sur un mineur. Utiliser les enfants comme des pions est un jeu très destructeur, qui produit des échecs assurés.

L’enfant innocent, malléable à souhait, se transforme en arme de vengeance dans les mains d’un parent abusif. Les enfants aliénés deviennent souvent les complices de parents malveillants.

Lorsqu’il arrive un jour, où l’enfant abusé ouvre les yeux sur la manipulation, dont il a été victime, c’est généralement trop tard. Les responsables de son abus se défilent, la mort est parfois leur ultime échappatoire. Les parents exclus, de même que les témoins bienveillants, ne sont peut-être plus là, et même s’ils sont encore de ce monde, toute réconciliation avec eux ne rendra pas à ces enfants, les années qui leur ont été volées. 

L’enfant est seul face à lui-même. Il ne peut que constater les dégâts. Cette horrible perspective lui fait fréquemment préférer la fuite en avant ou une vie de reclus dans sa douleur.

L’aliénation parentale existe, car des individus égocentriques veulent leurs enfants pour eux tout seuls, quitte à leur mentir sur les raisons de leur attachement morbide, et à les manipuler pour exercer leur domination.

Commettre ce genre de crime est une chose détestable, vouloir le justifier est inadmissible. C’est pourtant le cas de beaucoup de parents abusifs qui kidnappent leurs enfants et ensuite leur lavent le cerveau.
Auto-justification, diabolisation et exclusion riment avec punition, c’est le seul vocabulaire des 
parents vindicatifs.

Se venger contre un ex qui nous a fait souffrir, à la rigueur, bien qu’il soit préférable de privilégier une solution qui nous élève et ne nous rabaisse pas à son niveau.
Mais, lorsqu'il s’agit juste de prendre une revanche, car notre amour-propre a été blessé, n’est-ce pas 
totalement déplacé ?

Comment appeler un parent incapable de voir les conséquences de ses actes sur ses propres enfants ? Un irresponsable ? Lorsqu’il obtient de nombreux avantages secondaires. Un pervers semble alors un qualificatif plus approprié.

Pendant que certains distillent des perles de joie autour d’eux, d’autres sèment les graines de la discorde. Les premiers sont modestes et discrets, c’est quand ils ne sont plus là que l’on se souvient d’eux. Les seconds, quant à eux, baignent, avec une certaine jouissance, dans l’atmosphère pestilentielle qu’ils répandent. Jusqu’au jour où ils se retrouvent à la rubrique des faits divers, le plus souvent avec les enfants qu’ils ont abusés. 

Sentiment de vide

La maltraitance des enfants concerne sans doute plus ce qui ne s’est pas passé dans leur vie, que ce qui n’aurait pas dû se passer. La maltraitance est souvent plus une question de vide, que de trop-plein. De ce manque affectif, provient sûrement le besoin de beaucoup d’enfants abusés de se reconstruire, de se plonger dans leur passé, afin de trouver les souvenirs qui donnent un sens à leur existence. Or les faits sont dans la majeure partie des cas absents, un peu à l’image des parents qui se sont occupés d’eux.

Le vide affectif n’est que la manifestation de l’absence d’un bien, dont l’enfant abusé ne peut connaître l’existence qu’intuitivement ou indirectement, car il en a été privé par le parent qui s’occupait de lui, alors que l’autre parent, qui aurait pu lui procurer cette connaissance, a été exclu de sa vie. Ces enfants cherchent l’affection qui aurait dû se produire mais qui n’a jamais existé.

Reconstitution de la mémoire

Il est cependant possible d’essayer de reconstituer sa mémoire, mais un cerveau ne se rafistole pas comme un vieux rafiot. Et, les neurones manquants ne se remplacent pas par de faux souvenirs. C’est pourtant à cette tâche délétère que se livrent les parents abusifs. Ils réécrivent l’histoire de leurs enfants en la nourrissant de leurs propres psychodrames.

Il est illusoire de penser que l’enfant réalise son vrai potentiel, s’il reste dépendant de la logique aliénante mise en place par un parent abusif. L’accès à la lumière est difficile, car le brouillard a enrobé toute chose. Quand le voile se lève enfin, l’enfant maltraité doit encore affronter le mur des non-dits et des mensonges. Le parent abusif, enfermé dans son silence hostile ainsi que son déni, fait peser une chape de plomb sur toute tentative de compréhension et de libération. La vérité est inacceptable. Ce n’est pas l’enfant qui est une victime. C’est ce parent qu'il faut le plaindre !

Vraie ou fausse victime

Une vraie victime, contrairement à une fausse, n’a pas particulièrement envie de prendre à témoin des inconnus. Elle ne ressent pas obligatoirement la nécessité de s’épancher en public, ni ne cherche à ce que l’on s’apitoie sur son sort. Une vraie victime n’a pas besoin que l’on valide le fait, que ce qu’elle a enduré est inadmissible. Elle le sait, un point c’est tout. 
Une vraie victime n’a souvent même pas envie de se venger. Une vraie victime désire juste que la vérité soit faite sur l’abus qu’elle a subi. Une vraie victime est prête à s’expliquer, patiemment s’il le faut, avec son abuseur de surplus ; contrairement à une fausse victime qui réclame juste que (sa) justice soit faite, c’est-à-dire que l’on classe l’affaire en punissant celui qui lui donne si mauvaise conscience. 
En d’autres termes, le parent « victime » prétend que son enfant lui soit reconnaissant de l’avoir exclu de la vie de l’autre parent. 
Est-ce pour son bien qu’il a agi ainsi ? 

Les questions dérangent, car elles font tomber les masques. Or certains parents ne sont que des enveloppes vides, réfractaires à tout changement. Pour eux, la communication est un danger mortel. 

La parole, n’ayant pas pour fonction d’être féconde à travers leurs lèvres, dans le but de construire une relation fondée sur la transparence et le respect réciproque, ils se limitent à utiliser le seul langage qu’ils connaissent : celui des reproches et des insultes. Rien n’est jamais assez bien pour eux. Rien n’est jamais assez grand pour combler leur vide intérieur. 

Pris en défaut, leur silence hostile devient alors la manifestation la plus significative de leur malveillance latente. Les comparer à des huîtres, c’est faire injure aux mollusques qui vivent en bonne harmonie avec leurs congénères.

Apprendre par ses erreurs 

Ce qui différencie vraiment une personne abusive de quelqu’un de plus ou moins normal, c’est que si le second peut d’apprendre par ses erreurs, le premier ne fait que les répéter. 

Avoir une mauvaise expérience arrive à tous, une deuxième, voir une troisième cela survient de temps à autre, mais lorsque l’on se fourvoie sans discontinuer, comment peut-on prétendre que l’on y est pour rien ?

La capacité de rebondir, c’est se dépasser et faire mieux que précédemment. Ce n’est surtout pas de répéter les mêmes expériences, en pire. Ce n’est surtout pas s’emparer de leurs enfants et abuser d’eux, comme ils ont fait très souvent aussi avec leurs ex-conjoints.

Le plus horripilant est de constater que ces parents semblent vraiment se prendre au sérieux. Ils sont capables de raconter les pires inepties avec un naturel déconcertant. De deux choses l’une, soit le monde obéit à des lois physiques plus ou moins constantes, soit au contraire, c'est le hasard et la magie qui règnent ici-bas. Chacun est certes libre de choisir sa vision des choses, cependant ce choix est habituellement lourd de conséquences lorsqu’il se heurte à la réalité. 

Une grande erreur est de voir du courage, là où il n’y a que de l’aveuglement et du mépris pour les autres. 
Pourquoi vivre dangereusement et braver les interdits devraient être des signes de santé, aussi physique que mentale ?
Le besoin de divertissement et d’excitation sont bien les causes les plus manifestes de l’égarement caractéristique de ce genre d’individu. 

Toutefois, contrairement aux idées reçues, le spectacle de l’abus n’est pas toujours obscène, vulgaire et manifeste. Dans de nombreux cas, il ne saute pas aux yeux. Bien au contraire, il sait se monter discret, subtil et, la plupart du temps, prendre une apparence de légitimité. À tel point, que l’enfant victime est très fréquemment convaincu que c’est pour son bien que l’on agit ainsi.

Que l’on puisse mentir pour éviter une sanction juste, quoique dommageable, comme la prison, par exemple, se comprend aisément. Mais, que l’on puisse considérer, une fois le danger passé, que ce mensonge est finalement assez attrayant pour en faire une vérité a de quoi laisser dubitatif sur les rouages du cerveau humain. Il semble que seul un esprit très retors, donc paradoxalement assez évolué, soit capable de faire un tel grand écart. 

Mentir et manipuler ne constituent pas le problème. Tout le monde, au quotidien, commet de tels écarts, sans que la planète s'en porte plus mal. Toutefois, la plupart des gens évitent instinctivement de commettre le genre d’action dont les conséquences néfastes tombent sous le sens. 
Quelle est alors la différence entre ces deux catégories d’individus ? 
Visiblement, ce n’est pas une question de niveau intellectuel, car ceux qui paraissent moins prévoyants que les autres sont parfois plus instruits. Nous pouvons ainsi dire, sans grand risque de nous tromper, que ceux qui s’abandonnent à des actes dommageables pour leurs proches manquent d’un certain sens moral. Si nous poursuivons notre recherche, nous constatons même qu’ils dénigrent cette qualité qui appartient au plus grand nombre. En réalité, ceux qui abusent des autres, sans aucune retenue, ont souvent la conviction d’agir dans leur bon droit. 
Non seulement parce qu’ils sont capables d’inventer les excuses les plus abracadabrantes pour justifier leurs actes, mais surtout, car ils se considèrent tout simplement supérieurs aux autres. 

Dans leur esprit, ils se contentent de jouir des privilèges qui leur sont dévolus, un peu comme un seigneur face à ses vassaux. 

De tels parents sont une honte pour leurs enfants et la collectivité qui les abrite.